Il y a quelques semaines, le 1er octobre, c’était la journée des aînés. Et cela m’a interpelée.
Parce que, lorsque j’étais enfant (au siècle dernier !), le mot « aîné » désignait le plus vieux d’une famille.
Pas le 3ème ou 4ème âge, pas les personnes âgées ou vieilles.
Et du coup, j’ai eu envie d’en parler…des aînés…de tous les aînés !
Pas seulement les personnes âgées… Non ! Non ! Je veux aussi évoquer les aînés dans les familles, leur place, leur rôle.
Pourquoi ?
Pour 2 raisons que je vais vous révéler dans un instant !
La journée des aînées
La 1ère raison, c’est que la journée des aînés, c’est à dire des personnes âgées de 65 ans et plus, touche près de 17 % de la population, soit une personne sur 6 ! Et ce nombre va continuer d’augmenter dans les années à venir.
Savez-vous que le pourcentage de la population mondiale âgée de plus de 60 ans doublera de 2000 à 2050, passant d’environ 11% à 22% ?
Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait atteindre deux milliards en 2050, dont près de 400 millions auront 80 ans ou plus.
Au Québec, comme partout dans le monde, les personnes âgées de 80 ans et plus constituent le segment de la population âgée dont la croissance est la plus rapide.
Savez-vous que le taux de suicide chez les personnes âgées est en augmentation ? Par exemple, en France, on compte 3000 suicides par an de personnes de 65 ans et plus.
Parmi les seniors qui s’enlèvent la vie, il y a près de quatre fois plus d’hommes que de femmes.
Savez-vous que le nombre de dépression dans cette tranche d’âge est lui aussi en augmentation ?
Que certains (trop nombreux) vivent de la solitude, pour ne pas dire de l’isolement, reçoivent de mauvais soins, voire de la maltraitance et que beaucoup ne bénéficient pas des attentions adéquates, faute de revenus, de moyens en personnel, d’éloignement, … ?
Il est essentiel d’en parler afin d’améliorer certaines conditions de vie inacceptables. Ces personnes représentent une part importante de la population. Elle a contribué à la vie et à l’économie de leur pays, ont pour la majorité d’entre elles, travaillé de longues années. Elles méritent le respect, le soutien et l’aide dont elles ont besoin.
Mais je voudrais aussi parler des aînés qui vont bien, qui sont actifs, font partis de clubs, d’associations, de groupes sportifs.
Je voudrais parler de ceux qui sont bénévoles et consacrent beaucoup de leur temps à aider les autres.
Je voudrais parler de ceux qui se découvrent d’autres intérêts ou qui réalisent des rêves de tous ordres : voyager, devenir artiste, apprendre la danse, le bricolage, le bridge…, se donner une expertise, devenir collectionneur, etc…
Ce sont des modèles et je pense qu’il faut s’en inspirer.
Ils envisagent le futur comme riche, plein d’opportunités et se donnent les opportunités, sans pour cela avoir beaucoup de moyens financiers, car cela se situe à un autre niveau.
Je voudrais être une de ces personnes quand je me retrouverais cataloguée comme une « aînée ».
Comme disent presque tous les enfants à un moment ou un autre, durant leur enfance, : « Quand je serai grand (e), je serais … » : pompier, danseuse, médecin, pilote de course, mannequin, etc… je trouve important de se projeter de temps en temps en avant et de se demander :
Quand je serai à la retraite,
Quand j’aurais plus de 60 ans,
Quand les enfants auront tous quittés la maison,
Quand j’arrêterai de travailler,
etc…
Je serai…, je ferai… ?
Et je vous invite à y réfléchir, à vous visualiser.
Quel genre de senior avez-vous envie d’être ?
Comme votre grand-mère ou votre mère avant vous ? (Idem pour les hommes avec leurs GP et leurs pères avant eux).
Ou bien au contraire, surtout pas comme eux ?
Quel modèle avez-vous en tête ?
À qui aimeriez-vous ressembler (et je parle là au niveau de l’attitude, du comportement).
Qu’êtes-vous prêt à faire, entreprendre pour y arriver ?
Quel genre de vie aurez-vous le goût de vivre ?
Comment voulez-vous que les gens se souviennent de vous ?
Lorsque vous vous retournerez sur votre vie et regarderez en arrière de vous, ce que vous avez accompli, que désirez-vous voir ?
Quel que soit votre âge (et c’est chouette !), vous pouvez y penser, cela va vous guider, vous donner des objectifs, vous motiver…
Donc, ne vous en privez pas !
Les autres aînés !
La 2ème raison, l’autre volet aujourd’hui de mon article, ce sont les aînés, dans l’autre sens du terme…vous savez les premiers dans une famille…
L’aîné de la famille
Souvent, on évoque leur place privilégiée.
Ils sont les 1ers, ils ont eu toute l’attention des parents, ils sont porteurs du nom.
Ils ont été mis sur un piédestal.
Ils ont l’exclusivité, ils sont le centre d’intérêt.
Oui, mais…
Ça n’est pas si simple que ça…
Les aînés « héritent » de parents qui sont novices. Ils n’ont jamais encore exercé ce « métier » et l’apprendront entre autres avec l’aîné…
Quand on sait que le métier de parent est le plus difficile au monde (d’autant qu’il n’y a pas d’école pour nous former), vous pouvez imaginer les dégâts que cela peut amener parfois !
Le nombre d’essais-erreurs qu’ils vont commettre !
Souvent les nouvelles mamans sont très angoissées vis-vis de leur bébé et évidemment ça se ressent plus avec le 1er.
Les suivants bénéficieront d’un recul, d’un lâcher-prise dû à l’expérience, à la connaissance et aussi au manque de temps!
Car 2 enfants ou plus à s’occuper…ça prend du temps !
Elles seront plus mère poule et l’aîné devra se battre pour beaucoup de choses : 1ère sorties, heure du coucher, argent de poche, style d’habillement, etc…
Pour les suivants, ça sera plus facile car il y aura un chemin déjà ébauché, voire tracé.
Les aînés seront aussi parentifiés, devant s’occuper de leur frères et sœurs cadets.
On les responsabilisera plus et plus vite.
On leur demandera un comportement plus cadré, contrôlé.
Tout sera examiné à la loupe…
Et ça sera difficile pour la plupart lorsqu’un 2nd arrivera.
Ils devront partager leur chambre, leurs jouets, leurs habits (s’ils sont de même sexe), le temps d’attention, etc…
Il peut y avoir de la jalousie, des périodes de régression, de la déception car au début il ne peut pas jouer avec le nouveau venu, etc…
Il pourra se hérisser quand celui-ci gagnera en autonomie et empiétera sur son territoire, engendrant ainsi de nombreux conflits.
Bien sûr, dans tout ce que je décris, il y a toujours des exceptions qui confirment la règle. Je parle en général.
Mais c’est un fait.
La place d’aîné n’est donc pas aussi pleine d’avantages qu’on peut le croire.
Cependant, je voudrais vous faire prendre conscience d’un fait que beaucoup d’entre vous ne réalisent pas !
Il n’y a aucune place meilleure que l’autre dans une fratrie !
Le cadet de la famille
Je vous ai exposé les avantages et les inconvénients d’être le 1er. Pour le second, le cadet, les avantages, c’est que ses parents ont une expérience maintenant, des connaissances et des acquis. Ils ne sont plus « vierges ».
Ils sont moins angoissés, moins sur son dos.
Le 2nd doit moins se battre, il a moins de responsabilités.
Il a plus de « liberté » car moins soumis au regard scrutateur de ses parents.
Comme il n’a pas connu l’exclusivité, il ne souffre pas du manque d’attention.
Il est souvent associé à l’aîné dans les activités.
Oui, mais…
Il est « entre-2 ». Il n’a pas vraiment de statut.
Il a du mal à prendre sa place, car il n’est ni le 1er, ni le benjamin (dernier)…
Il ne bénéficie pas d’avantages comme l’aîné ou encore comme le bébé.
Il n’a souvent pas le choix car c’est plus simple de faire faire aux 2 la même chose…
Il doit suivre l’exemple du frère aîné, doit subir son autorité au besoin.
Il sera dans son ombre.
Il reçoit moins d’attention et les parents lui consacre moins de temps !
Il se demandera souvent quoi faire pour attirer l’attention de ses parents.
Quant au benjamin…
Ah, le petit dernier…
Celui qu’on chouchoute parce que c’est le dernier. Celui qu’on préfère.
Celui qu’on voudrait garder avec nous le plus longtemps possible…
Eh bien lui, même s’il a des privilèges plus rapidement que les plus vieux : 1ère sorties, heure du coucher, argent de poche, style d’habillement, etc…
Oui, mais…
Il devra se battre pour son indépendance, son autonomie…
Souvent, il sera appelé mon « bébé », mon petit, ou d’un surnom qui l’infantilisera pendant des années.
Inconsciemment, certaines mamans ne voudront pas qu’il grandisse trop vite et c’est un enfant qui pourra manifester des retards de parole et langage, de la déglutition primaire, des problèmes d’articulation.
Il devra faire le deuil de ses avantages acquis et se battre pour se positionner et être reconnu comme un enfant et pas comme un bébé ou comme un adulte et pas un petit dernier.
Il pourrait risquer de devenir le support de ses parents quand ceux-ci vieilliront.
Il n’y a donc pas de place privilégiée à priori.
Et même si l’un des enfants de la fratrie se retrouve dans un rôle gratifié (pour x raisons appartenant à l’histoire de sa famille), c’est un leurre de croire qu’on a plus d’avantages ou d’inconvénients selon son rang dans la fratrie.
Cela tient à d’autres éléments :
- À l’histoire de chacun des parents, à leur vécu, aux circonstances de la vie, à la culture, à la personnalité de l’enfant, son attitude, etc…
- La façon dont les parents traitent l’enfant, qui n’est pas la même selon l’ordre de naissance et le rôle adopté par l’enfant par rapport à ses frères et sœurs, expliqueraient quelques-unes des grandes différences de personnalités observées entre les enfants d’une même famille.
- La culture joue aussi un rôle important, avec son lot de contraintes et de responsabilités.
Mais je le répète : il n’y a pas de meilleure place dans une fratrie selon que l’on est aîné, cadet ou benjamin.
Il y a ce qu’on en fait, comment nous en développons les atouts et les opportunités et aussi comment nous nous dégageons de rôles, poids, attentes que l’on pourrait nous mettre sur les épaules.
Conclusion
Vous l’avez compris, j’imagine en lisant ces quelques lignes.
Que l’on soit aîné – senior ou aîné – premier d’une fratrie, ça n’est qu’un titre, une étiquette.
Nous sommes et restons auteur de notre vie.
C’est à nous de décider ce que nous voulons être et ce que nous voulons accomplir, transmettre, refuser et prendre comme place.
C’est notre choix !
Alors ne vous laissez pas « étiqueté », ni influencé par des traditions qui sont en train de bouger, évoluer, changer.
Par ailleurs, n’oubliez pas que pour la majorité d’entre nous, quel que soit notre rang dans la fratrie, nous allons devenir un aîné – senior, à un moment ou un autre…!
Sur ce, je souhaite une belle vie à tous les aînés du monde et à tous les autres !
Bonjour Jacqueline,
Merci pour ce beau partage, ayant déjà 53 ans, je me visualise facilement en un rôle d’aîné.
C’est très stimulant…
P.S: J’ai un blogue de littérature, je vous envoie le lien vers,s’il vous plait et sans que ça soit trop long en votre temps pourriez vous me donner votre avis?
Stéphane Lauzier