Pour celles et ceux qui me suivent régulièrement sur les réseaux sociaux, vous avez certainement remarqué que chaque mois, je partage avec vous des citations, conseils, infos sur un thème spécifique.
Durant ce mois d’avril, j’ai parlé de notre rapport à la vie, notre santé physique et mentale.
C’est pourquoi, je veux clore ce mois-ci en vous parlant du PAE et d’équilibre dans la vie.
C’est quoi le PAE ?
Au Québec, cela correspond au Programme d’Aide aux Employés.
J’ai longtemps fait partie de différents PAE comme psychothérapeute et thérapeute conjugale et familiale.
Je trouve que c’est une belle initiative qui peut aider beaucoup de travailleurs dans des moments difficiles.
Mais il ne s’agit pas de cela, ni du programme de Paiement d’Aide aux Études !
Non, je veux parler de la combinaison décrite en Analyse Transactionnelle (ou AT), créée en 1958, par le médecin psychiatre et psychanalyste canadien , Éric Berne.
Il évoque ce qu’il appelle des « États du Moi » : Parent, Adulte, Enfant et étudie les « transactions », à travers les échanges relationnels de deux personnes ou plus.
Et c’est de ce PAE dont je veux m’entretenir avec vous aujourd’hui et ses effets dans notre équilibre psychique.
Bien sûr, cela n’empêche aucunement par ailleurs, de se donner d’autres sources d’équilibre dans la vie :
Activité physique
Alimentation saine
Sommeil de qualité
Socialisation
Temps de pause : méditation, relaxation, yoga, …
Sensualité et sexualité
Et aussi :
- Stimulation créative et intellectuelle
- Loisirs
- Soins de bien-être : esthétique, massage, ostéo, acupuncture, énergie, etc…
Ce dont je veux parler est donc un complément à toutes ces pistes pour prendre soin de soi. Elle touche plus notre état d’être, notre personnalité, notre manière de fonctionner rationnellement avec les autres.
Car préserver un équilibre entre ces 3 parties permet de se sentir mieux dans notre vie de tous les jours, d’avoir cette légèreté d’esprit dont les médias parlent de plus en plus, de cultiver plus facilement le bonheur et savoir profiter du moment présent.
Mais d’abord, qu’est-ce que sont ses « États du Moi » ou PAE ?
Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours d’Analyse Transactionnelle !
Il existe de très bons livres qui en parlent !
Je vais simplement vous donner mon interprétation de ses 3 « états » et leur impact dans notre quotidien.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous avons tous en nous ces 3 éléments, dès le plus jeune âge.
Par contre, nous pouvons les développer différemment, donnant plus d’importance ou de pouvoir à l’une ou l’autre partie.
1- La partie Parent
C’est notre « morale », le lieu de nos principes, préjugés, jugements, croyances, notions de bien ou de mal. Cela vient de notre éducation, nos modèles, notre culture.
Elle emploie beaucoup les : « Il faut », « Je dois »
Elle peut se manifester de 2 manières :
– Le parent critique ou normatif
Pour moi, c’est l’équivalent du rôle de père ou mère.
C’est la partie qui pose les questions, met des limites, juge, critique, instaure des normes, comme celles touchant le rendement au niveau du travail.
Elle est présente chez l’enfant qui se raisonne, se juge, se donne des directives ou joue « le parent » avec ses frères et sœurs.
C’est le coordinateur qui met les règles et les applique en étant rigoureux sans être rigide.
À l’excès, ce « parent critique normatif » peut amener un comportement de dictateur, de personne qui se sent supérieure, de brute qui humilie, critique, écrase, fait du chantage.
Ou ces parents trop rigides, sévères, maltraitants qui ont oublié leur côté aidant, nourricier.
Quand j’en parle à mes clients, j’évoque le côté maman ou papa, des parents.
Ce comportement qui nous fait donner sans compter, qui console, protège, nourrit, joue, aime inconditionnellement.
– Le parent nourricier, aidant
Il est présent très jeune puisque des enfants peuvent démontrer cette attitude protectrice et aimante vis-à-vis d’autres personnes.
Au niveau du travail, cela va se traduire par un leadership protecteur, qui veille aux conditions de travail, sait motiver les équipes, aide efficacement sans trop en faire.
Par contre, si cette partie se développe excessivement, nous pouvons tomber dans un rôle de sauveur, cette attitude qui ne sait pas déléguer, nous en fait faire « trop », qui cherche à se faire aimer à tout prix, etc.
2- La partie Adulte
Je la compare souvent à une « Encyclopédie Universalis » ou à un traitement de données. Il n’y a pas d’émotion mais une analyse des faits.
Cette partie organise, raisonne, décide.
Très utile pour avoir une vision réaliste, cumuler les informations utiles et ainsi traiter les faits, sans se laisser noyer dans les émotions.
C’est un peu notre côté « Robocop » rationnel, calme, sans émotion.
C’est la partie qui demande : où ? quand ? comment ?
Elle peut entrainer un comportement froid, indifférent, sans empathie, ni émotion, si elle prend trop de place.
3- La partie Enfant
C’est là où se situe nos émotions, ressentis, créativité, imagination, énergie, avec un côté très spontané.
Notre caverne d’Ali Baba affective est concentrée ici, avec toutes nos émotions, sentiments et besoins.
C’est là que s’exprime les états d’être : je me sens mal, je suis en colère, gai, peiné, …
Là encore, elle peut s’exprimer de 2 manières :
– L’adaptation
S’adapter à ses besoins ou à ceux des autres :
- Positivement en faisant ce qu’il faut pour être bien intégré.
C’est la personne qui sait obéir, sans se soumettre, se positionner sans s’opposer.
On la désigne comme partie Enfant adapté positif
- Négativement en ayant un comportement soumis, plaignant, n’osant pas dire ce qu’il ressent mais ruminant sans cesse.
Souvent, ce sont des personnes anxieuses, influençables, ne sachant pas s’affirmer.
C’est la partie Enfant soumis négatif
– La spontanéité
Là encore, 2 attitudes sont possibles.
- Lorsque nous nous laissons aller de façon libre, naturelle, motivée, passionnée, nous sommes en contact avec notre Enfant libre positif.
- Si nous montrons un comportement impulsif, agressif, opposant, rejetant les contraintes, défiant l’autorité, nous sommes aux prises avec la partie Enfant rebelle négatif
Réflexions
Ce que je vous invite à réaliser, au travers toutes ces notions, c’est encore une fois l’importance de l’équilibre dans nos attitudes.
Dans chacune des positions des états du Moi, Éric Berne a décrit des aspects négatifs qui sont le fruit d’excès.
Si vous vous mettez en colère pour un rien, si vous avez un comportement trop rigide, négatif, posez-vous la question de ce qui est touché en vous.
Nous sommes dans une ère d’excès à tous les niveaux et, de plus en plus, nous avons besoin d‘en prendre conscience : réchauffement climatique, pollution des mers, agriculture trop intensive, etc…
Ce sont de grands enjeux planétaires et quelque fois, nous nous sentons impuissants ou trop petits pour avoir un poids quelconque dans ces catastrophes annoncées.
Mais nous pouvons, à notre petit niveau, agir et mettre en place des actions, des gestes pour préserver un équilibre, nous garder en santé physique et mentale.
Dernièrement, j’ai été interviewée pour le journal Métro sur le self-care ou comment prendre soin de soi physiquement, mentalement et émotionnellement.
L’auteur de l’article, Jules Couturier, s’interroge sur le dérapage possible de cette attitude.
L’enjeu vient du choix à propos des états du moi : lequel allons-nous écouter ou au contraire, tasser ?
Est-ce notre partie normative qui va nous mettre des limites ou notre enfant rebelle qui va être contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre ?
Ou l’enfant soumis qui va se plaindre, gémir, critiquer mais ne rien faire ?
Ou encore le parent normatif négatif qui va critiquer tant et plus et va nous faire tomber dans un cercle vicieux : culpabilité, auto-punition, abandon et continuation ?
J’ai connu une personne que j’avais surnommée : l’encyclopédie ambulante. Elle savait tout sur tout ! Son adulte était surdéveloppé.
À petite dose, c’était agréable, enrichissant, intéressant.
Mais au bout d’un moment, je ressentais le manque de spontanéité, d’émotions, de rires, dans nos échanges.
Son enfant libre semblait avoir disparu.
De même, vous avez certainement connu des parents qui ne sont plus que ça. Ils ne vivent, parlent, respirent que pour leurs enfants. Et n’ont plus d’autres sujets de conversation. Ils ont oublié de s’intéresser à d’autres sujets, évènements, vie quotidienne en dehors de leur progéniture.
Dans le milieu du travail, ça sera des professionnels qui ne vivront que pour « leur job », passant des heures à leur travail, ne pensant que « boulot » et n’ayant pas d’autres sujets de conversation.
Ou est leur adulte ? leur enfant ?
Enfin, nous avons déjà « subi » des collègues :
- qui ne se soucient de rien, manquent de responsabilité, ne donnent pas assez d’importance aux dates, règles, étapes de projets, se font remarquer par leurs réflexions, croit aux « miracles » aux solutions toutes faites,
- ou, à l’inverse, des personnes qui se plaignent tout le temps sur tout, voient tout en négatif, recherchent l’attention (mais de la mauvaise manière), etc…
Leur enfant est trop présent, il leur manque un côté adulte et un côté parent.
Donc, regardez-vous, écoutez ce que dit de vous votre entourage, soyez conscient de vos petits travers.
Cela vous guidera pour rééquilibrer vos 3 parties.
Conclusion
Il est intéressant de temps en temps de « libérer son fou » au bon moment, dans les bonnes conditions : fêtes, soirées entre amis, jeux avec des enfants, succès au travail, etc …
Comme il est nécessaire d’adopter une attitude adulte dans certains contextes : réponse à des demandes d’informations, élaboration de projet, mises en place de stratégies, situation de crise …
Et aussi, si vous dirigez une équipe, pensez de vous brancher parent positif (nourricier et normatif) afin de mettre en place un leadership motivant, sécuritaire, adapté.
Mais surtout, soyez attentif à ne pas tomber dans les excès !
Vous avez là un bel outil de prise de conscience…
- Quel est votre manière de fonctionner la plus fréquente ?
- Comment faire pour être plus dans le comportement positif ?
- Quelle attitude voulez-vous privilégier ?
Rappelez-vous que : « Lorsqu’on n’a pas conscience de quelque chose, on. n’en. a. pas. conscience. ! »
Il est donc alors difficile de mettre en place des changements.
Par contre, à partir du moment où vous réaliser que vous avez certains patterns comportementaux, cela vous laisse le choix de les changer, les modifier, les enrichir, voire vous en débarrasser…
Bien sûr, l’idéal est l’équilibre entre les 3 parties du moi.
Certains auteurs parlent d’une proportion 10-5-5. Je ne sais pas si cela correspond à une réalité scientifique !
Pour ma part, l’équilibre dans la vie est plus d’être attentif à donner à votre rire, votre spontanéité, votre créativité, votre esprit d’analyse, votre côté normatif et votre part aidante, leur juste place, sans en oublier un ou une.
Sur ce, je vous souhaite de belles découvertes et de bien « jouer » avec votre parent, votre adulte et votre enfant pour votre plaisir personnel et celui de votre entourage.
JA
Références bibliographiques sur l’Analyse Transactionnelle:
- Berne, É. (1975). Que dites-vous après avoir dit bonjour? Les éditions de Minuit.
- de Lassus, R. (1995). L’analyse transactionnelle. ESF éditeur.
- Jaoui, G. (1983). Le triple moi. Éditions universitaires.
